Le pape Innocent X peint par Velasquez et puis par Bacon
Dans les familles, les parents sont souvent des exemples pour les enfants, jusqu’à l’adolescence en tout cas. Et les petits enfants reproduisent les mots, les gestes, les actes, de leurs parents, ce qui peu à peu façonne leur pensée et leurs relations aux autres.
Dans l’entreprise, qui donne l’exemple ? Le dirigeant ? Chacun des collaborateurs ? Et c’est quoi, donner l’exemple ? Et sur quoi ?
Dans les entreprises qui font l’éloge du bonheur au travail, tous les dirigeants sont-ils heureux ? Est-ce possible ?
Difficile de trouver des réponses satisfaisantes à ces questions, n’est-ce pas ?
Une autre manière d’entendre ce mot « exemple » est d’écouter sa sonorité. Et moi j’entends : ex-ample, c’est à dire anciennement spacieux. Ex-ample : qui avait de l’envergure. Ex-ample : dont l’expansion est restreinte.
Pousser ainsi ce raisonnement sonore et intuitif, m’amène donc à vous proposer une réponse. Partant du principe que nous avons tous besoin d’un cadre pour nous soutenir (parents, éducateurs, patron, mentor), l’art de ces figures d’autorité serait-il, non pas d’être exemplaires, mais bien de donner une direction ? De donner cette direction sans brider, sans enfermer, pour que l’intelligence puisse individuellement et collectivement se diffuser et s’amplifier ; être vivante.
Le dirigeant serait donc celui qui donne l’exemple d’offrir un cadre libérateur. Donc, aucune perfection à atteindre pour lui, pas de « faites comme moi » non plus, mais bien le partage d’une vision.
Le dirigeant n’est alors ni un exemple, ni non plus un modèle, comme les modèles vivants reproduits à l’identique par les élèves artistes. Il est plutôt un soutien à la créativité, comme le pape Innocent X peint par Velasquez a été un soutien à la créativité de Francis Bacon, trois siècles plus tard.
Ni exemple, ni modèle, le dirigeant serait donc celui qui permet à ses collaborateurs d’être les Picasso, les Monet ou les Vermeer de leur domaine. SB